Sauvées par Zorro

Nous étions 3 amies à l'assaut de l'Aconcagua

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Nous étions trois amies à l’assaut de l’. L’Aconcagua, le plus haut sommet des , à la frontière du et de l’ à 6 962 mètres. Mais nous fûmes fort déconfites, bloquées au bord d’un cours d’eau large et tumultueux deux heures après notre départ, le sentier éboulé, à peine à 3000 mètres d’altitude. Un cours d’eau ? comment l’appeler ? Torrent ? Trop large… Rivière ? Il ne se jetait pas dans un fleuve… Fleuve ? Il n’allait pas jusqu’à l’océan. Non, le seul nom possible c’est el rio… comme se dit le cours d’eau en espagnol…
Alors nous sommes là, toutes les trois, hésitantes et déchaussées au bord de ce tumulte de boue, d’écume et de grondements. Quand, surgit de l’autre rive, une troupe de cavaliers fonçant vaillamment vers nous. Grâce aux chevaux, ils traversent en un clin d’œil cet obstacle insurmontable pour nous. Arrivés près de nous, leurs regard font des allers-retours, de nos pieds nus au rio, du rio à nos pieds nus. « Quieren cruzar ? ». Oui, bien sûr, nous voulons traverser.

Un sergent Garcia   plus vrai que nature, s’approche, concupiscent et se montre très déçu lorsque son chef lui ordonne de prendre… nos sacs. Il s’exécute dare dare, ayant l’espoir de revenir assez vite pour prendre en charge l’une de nous.
Le chef, beau comme un Zorro , musclé et le regard clair, désigne ensuite un autre soldat, (un peu le genre du caporal Reyes, l’ami du sergent Garcia) et une de mes compagnes, qui se retrouve en selle après quelques péripéties et glissements le long de la croupe du cheval…. Pendant ce temps, Sergent Garcia est revenu et prend en charge ma deuxième compagne. Moi, je n’ai qu’un désir… que Zorro me transporte… enfin, vous voyez ce que je veux dire….
Comme dans un rêve, je vois sa main tendue vers moi accompagnée d’un sonore « Senorita ». Propulsée par ce rêve aérien, je parviens, d’un coup d’un seul, à grimper derrière lui et à me blottir contre son dos. La traversée se fait hors du temps… je me souviens encore de ce sentiment d’être protégée au milieu des éléments déchaînés par ce cavalier magique et son cheval. Hélas, nous arrivons de l’autre côté, nos cavaliers prennent congé de nous, ils s’éloignent, le devoir accompli. Longtemps nous nous moquons de notre compagne et de son sergent Garcia. Une façon d’éviter de penser combien nous avons apprécié d’être, pour quelques instants, de faibles femmes sauvées par de puissants cavaliers. Un voyage, cela sert à ça aussi : nous faire découvrir les aspects cachés de nos personnalités nourries au lait du féminisme occidental… Au fait, nous sommes parvenues jusqu’à 6000 mètres d’altitude, mais c’est une autre histoire !

Colette


Adresse : Las Heras - Mendoza, Argentine

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  1. Un super article

    François
    Mardi 27/06/2017 à 12:28

     Merci Colette pour cette formidable anecdote de voyage

    Francois

  2. Un super article

    François
    Mardi 27/06/2017 à 12:28

     Merci Colette pour cette formidable anecdote de voyage

    Francois